
Dans je ne suis pas une fille bien, Emma Samary révèle ses pensées et ses émois amoureux. En quelques mots intimes, l’autrice fait pourtant une proclamation universelle.
Énoncer les tumultes amoureux en quelques mots. Voilà à quoi se résume le recueil je ne suis pas une fille bien d’Emma Samary. En une centaine de pages, l’autrice décrit la peine, la souffrance et l’espoir produit par l’amour. Le lecteur devient le témoin du désordre émotionnel vécu par la jeune femme. Le livre se divise en six parties : chagrin, sauvagerie, guérison, conseil, souvenir et folie. Six sections correspondant à six affres sentimentales. L’écrivaine rappelle qu’amour rime avec douleur et rémission. Offrir son affection demande un certain courage souvent insatisfait.
Une brève déclaration
Le format du livre correspond à l’envie actuelle. Sur certaines pages, une simple phrase. Un format parfait pour les réseaux sociaux, mais qui peut parfois laisser sur sa faim. Vite et rapide. Le lecteur espère plus certaines fois. Pourtant, pas besoin de beaucoup parfois pour comprendre. Emma Samary trouve les mots aux maux. Une brève phrase peut décrire des tourments profonds. La mise en page aussi n’est pas anodine. La jeune femme ne s’enferme pas dans des paragraphes classiques et n’hésite pas à adopter des tailles de police différentes ou des caractères courbés. Comme l’amour, son ouvrage n’est pas linéaire.
Ce type d’écrit s’inscrit dans la tendance actuelle. Sur les réseaux sociaux, le nombre de comptes dédiés aux courtes déclarations ne cesse d’augmenter. Une nouvelle génération prend d’assaut Instagram en publiant ses amertumes affectives. Les sentiments privés deviennent publics. L’autrice expose son journal intime et ses mélancolies les plus profondes aux yeux de tous. Une démarche en phase avec son temps. Les confessions d’Emma résonnent. Actuellement, son compte Instagram dépasse les 45 000 abonnés. Il y a quelques mois, elle a même proposé une suite à son premier, recueil avec la publication de journal d’une indépendante affective. Dans une époque où tout sonne faux et contrôlé, éprouver des sentiments et ne plus avoir peur de les partager semble remarquable. L’autrice elle-même s’étonne, à la fin de son roman, que ses aveux soient compris et lus : “Je ne pensais pas que ça pourrait intéresser quelqu’un“. Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud ou Victor Hugo, auraient-ils succombé à cette approche ?